Avec la douleur de celui qui s’est souvent heurté à la demande d’anéantir les défunts, j’attire l’attention sur l’incompatibilité de la pratique d’incinération avec la vie chrétienne.
Les arguments mercantiles (l’envoi moins cher du corps dans le pays par l’incinération, etc.) ne peuvent pas valider le fait de détruire par le feu ce que nous sommes et ce que l’on a nourri avec les Sacrements pendant toute la vie, et ce que, chez les saints, devient des reliques saintes : notre propre corps. Cette conception de brûler celui qui nous est cher est même épouvantable, d’autant plus que le Sauveur a fait la merveille de la résurrection de quelques personnes mortes depuis quelques jours ; que ce moyen de séparation du corps de l’âme doit être violent, par la destruction du corps !
Voici dessous la décision du Saint Synode de BOR concernant le rejet de la pratique de l’incinération des défunts :
La décision no. 4529 du 5 juillet 2012 du Saint Synode de l’Eglise Orthodoxe Roumaine au sujet de la pratique non-chrétienne de l’incinération des défunts.
Il ressort des témoignages scripturaires, patristiques, historiques et archéologiques que l’Église a pratiqué, depuis le début jusqu’aujourd’hui, l’inhumation (l’enterrement). Celle-ci correspond à l’enseignement de l’Église au sujet du corps et de la dette que l’on a envers lui, le corps devant être rendu à la terre d’où il a été tiré.
L’Église orthodoxe roumaine a eu et a une attitude claire et ferme, exprimée à l’égard de ceux qui ont été déjà incinérés ou seront incinérés, confirmée par la décision synodale de 1928 et reconfirmée par celle de 1933, décisions sur lesquelles on n’est jamais revenu une seule fois, car elles expriment le point de vue officiel de notre Église, le devoir des membres du clergé de l’Église orthodoxe roumaine étant de les respecter, tandis que d’un point de vue pastoral, ils sont astreints à préciser aux fidèles et doivent les inciter à respecter la tradition bimillénaire de l’inhumation des chrétiens. Abusant de l’absence d’un renseignement correct des fidèles qui acceptent facilement et sans discernement la pratique de l’incinération des morts, tolérée par certaines églises chrétiennes d’Occident et d’Amérique, certains prêtres destitués ou déposés, par appât du gain et en totale séparation de l’Église, célèbrent des offices de funérailles aux défunts dans l’enceinte même du crématorium.
Il y a également des situations dans lesquelles l’incinération a été effectuée hors de la volonté ou contre le souhait du défunt, pour des motifs objectifs (financiers ou légaux, les lois spécifiques des États dans lesquels l’incinération est obligatoire). Dans de telles situations, l’évêque est le seul habilité à accorder ou non une dispense, dans le cadre de l’économie ecclésiastique, après avoir étudié de manière détaillée chaque cas en particulier, en précisant que, pour tels cas, on ne célébra que l’office du Trisagion avec commémoration individuelle dans le dépôt des urnes funéraires.
Le conseil permanent diocésain de l’Archevêché de Bucarest, dans sa session du 20 mars 2012, a décidé d’élaborer une circulaire relative à la pratique non chrétienne d’incinérer les morts, dans laquelle est mentionné le devoir pour chaque membre du clergé de se conformer aux décisions du Saint-Synode de l’Église orthodoxe roumaine des années 1928 et 1933, ayant l’obligation de faire respecter avec sainteté par les fidèles la pratique orthodoxe de l’inhumation (de l’enterrement) de ceux qui se sont endormis dans le Seigneur et de ne pas accepter l’incinération (le brûlement du défunt).
En considérant que tous les diocèses partagent le problème de l’incinération des morts et que la mesure adoptée par le Conseil permanent diocésain de l’Archevêché de Bucarest doit être élargie par la décision du Saint Synode au niveau de tous les centres diocésains, en conformité avec les prévoyances de l’article 14, alinéa 1, lit. a) du Statut d’organisation et de fonctionnement de l’Eglise Orthodoxe Roumaine, selon lesquelles « Le Saint Synode garde l’unité dogmatique, liturgique et canonique, statutaire et réglementaire dans l’Eglise Orthodoxe Roumaine, et aussi la communion avec l’entière Eglise Orthodoxe »; A la suite des discussions de la Commission pastorale, monacale et sociale, et d’un vote unanime, le Synode a décidé de:
1. Maintenir en vigueur la décision du Saint-Synode du 15 juin 1928, reconfirmée par la décision de celui-ci en date du 20 février 1933 :
a. Les prêtres préviendront à temps les paroissiens, en attirant leur attention sur le fait que, dans le cas où certains d’entre eux voudraient être incinérés, l’Église leur refusera toute assistance religieuse, que ce soit les funérailles, que ce soit l’office de requiem après celles-ci.
b. Avant la célébration de l’office de l’inhumation (de l’enterrement) d’un chrétien, le prêtre officiant devra s’informer auprès de la famille du défunt, du lieu du cimetière où sera enterré celui-ci.
c. A tous ceux qui ont été incinérés ou qui seront incinérés de leur propre volonté, tout service religieux sera refusé, à la fois les funérailles et les offices de requiem qui les suivent.
2. Dans le cas où l’incinération a été accomplie hors de la volonté ou contre le souhait du défunt, pour des motifs objectifs (financiers ou légaux, les lois spécifiques des États dans lesquels l’incinération est obligatoire), l’évêque est le seul habilité à accorder ou non une dispense, dans le cadre de l’économie ecclésiastique, après avoir étudié de manière détaillée chaque cas en particulier, en précisant que l’on ne célébra que l’office du Trisagion avec commémoration individuelle dans le dépôt des urnes funéraires.
3. Les prêtres qui s’écarteront de la décision du Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe roumaine concernant la pratique de l’incinération des morts seront interdits d’exercer le ministère sacerdotal et envoyés en justice du Consistoire diocésain, en vue de sanctions.
4. Dans le cas d’ex-prêtres, déposés de leur rang sacerdotal, qui accomplissent un office de funérailles dans l’enceinte-même d’un crématorium, leurs excellences les évêques saisiront les autorités compétentes pour leur interdire l’accès aux crématoriums et aux cimetières et pour leur appliquer des sanctions pénales, en raison de l’utilisation de fausses qualités (de clerc de l’Église Orthodoxe Roumaine) pour obtenir un gain matériel injuste, préjudiciable pour la famille endeuillée (art. 215 alinéa 2 du code pénal, relatif au délit d’escroquerie).
5. Leurs excellences les évêques adopteront les mesures convenues pour informer le clergé de chaque diocèse du contenu de la présente décision et de son caractère obligatoire sur le territoire de l’Eglise orthodoxe roumaine.
6. Les centres diocésains prendront les mesures nécessaires relatives au devoir pastoral et missionnaire de catéchiser les fidèles en ce qui concerne l’enseignement de la foi orthodoxe sur l’inhumation (l’enterrement) et le rejet de la pratique de l’incinération et accorderont également de la considération à la pastorale individuelle des personnes endeuillées.
7. Les centres diocésains prendront les mesures liées au devoir du clergé de promouvoir, par la force de l’exemple y compris, le fait d’aider les familles endeuillées, afin que le manque d’argent ne soit pas une raison d’incinérer les morts, en considérant que l’inhumation serait trop dispendieuse.
La présente décision s’est fait communiquer à tous les diocèses, en vue de l’adoption des mesures nécessaires pour respecter et accomplir ce que l’on a établi.