Tout comme le scientifique qui accomplit ses expérimentations dans un endroit dédié avec tous les outils nécessaires à son travail, lieu qu’on appelle laboratoire, le chrétien voit dans l’espace de l’Eglise son propre laboratoire. C’est ici qu’il fait par excellence l’expérience de la présence de l’Esprit Saint, en examinant à partir de son coeur et de sa compréhension, les sens que Celui-ci lui découvre par le biais de la vie chrétienne.
C’est la rencontre avec Dieu qui rend mystérieux l’espace de l’église. Dieu est mystère. La vie dans la prière fait que ce mystère nous enveloppe et nous porte à la proximité de Celui qui connaît nos âmes plus profondément que nous ne les connaissons nous-mêmes. L’église est le lieu où l’on vit l’expérience de la grâce de Dieu qui nous permet sans cesse de nous découvrir. Comme dans une bibliothèque publique où l’on a envie de travailler, parce que tout le monde y étudie, ainsi dans une église, on a envie de prier parce que tout le monde y prie. Les murs, les icônes, les cierges et leur lumière qui transperce sans violence la pénombre mystique qui nous entoure, tous cela nous aident à entrevoir, iconiquement, la réalité cachée au-delà du réel visible. « Celui qui est » se découvre en étant avec Lui pendant la prière et un geste de révérence profonde se fait connaître dans le coeur qui se laisse devenir « royaume des cieux ».
Le laboratoire liturgique qui est l’église où l’on prie, raisonne avec notre laboratoire intérieur, avec notre propre coeur, par le contact mystique avec le Dieu, Créateur du ciel et de la terre, qui est descendu des cieux vers nous avec humilité pour que nous Le connaissions. C’est le but pour lequel nous nous dédions à Dieu dans l’Eglise, Dieu qui est Celui qui se dédie à nous tous, pour que nous devenions hommes et dieux par sa grâce. Notre vie se remplit parce qu’il y a ce lieu intime de l’église, où, dans une dynamique intérieure toujours mystérieuse et infinie, on connaît par intuition, on découvre, on tombe et on se relève, on aime, on devient hommes parce que c’est là que les barrières entre nous et les autres s’écroulent. En laissant lieu au vivant par lequel je me considère inférieur par rapport au semblable et je lui suis reconnaissant qu’il existe et qu’il m’aime. C’est le lieu où nous découvrons notre propre coeur.