La contraception – quelques éclaircissements

Parmi les moyens appelés génériquement contraceptifs utilisé en France aujourd’hui (et partout dans le monde, pour la grande majorité), est le fait que certains d’entre eux peuvent être considérés comme de vrais contraceptifs, car ils empêchent la survenue de la conception, tandis que d’autres sont, à la lumière de l’enseignement de l’Église (selon laquelle l’embryon est un être humain dès la conception), des purs abortifs, ce qui faciliterait, d’une certaine manière, le choix d’un contraceptif. Reste la question des méthodes de contraception hormonale [1].  Car on ne peut, au moins à présent, les encadrer ni parmi les anti-ovulatoires, ni parmi les post-ovulatoires. Nous savons, par exemple, que certains types de pilules agissent principalement pour empêcher l’ovulation (les pilules estroprogestatives séquentielles ou les pilules progestatives en administration discontinue) ou que d’autres  méthodes agissent surtout après ovulation (les implants, les injections, ou certaines pilules progestatives). Mais on ne saurait pas dire avec précision quelle est l’action de ces méthodes selon chaque cas ou comment une méthode devient-elle efficace pour chaque femme. E. E. Baulieu l’avoue : « la contraception orale peut agir après la fécondation dans les cas (rares) où elle se produit (…). Il apparaît donc difficile de qualifier une méthode de « purement » contraceptive ou « purement » abortive » [2]Le tableau qu’il réalise montre le mode d’action des principaux moyens dits contraceptifs. On y voit clairement que la pilule ou d’autres moyens comme les injectables et les implants peuvent aller au-delà du seuil de l’ovulation ou de la fécondation. [3] 

Revenons à la question de l’efficacité. Qu’est-ce qu’est, dans le langage des spécialistes, une pilule « efficace » ? Une pilule peut avoir jusqu’à trois modes d’action, dont le premier (anti-ovulatoire) est purement contraceptif, le deuxième, anti-glaire, peut être soit contraceptif (dans la mesure où on empêche le déplacement des spermatozoïdes) soit abortif (si on supprime la mobilité de l’œuf fécondé), et le troisième (anti-nidatoire) est abortif, car il empêche la nidation de l’œuf fécondé. Les deux derniers modes d’action constituent ce qu’on appelle « l’action périphérique ». Une action « très efficace », voir même « excellente » [4] présuppose la présence des trois effets combinés, et surtout de l’action périphérique [5]. Si elle n’entraîne que le premier effet mentionné (anti-ovulatoire), la pilule est « moins efficace ».

On pourrait par conséquent affirmer, sans trop exagérer, que l’efficacité d’une pilule est mesurée en termes de son « abortivité » : plus une pilule risque d’entraîner des effets abortifs, plus elle est efficace et donc digne d’être prescrite aux patientes.

L’objet de cette étude étant d’analyser la contraception dans la perspective de ses conséquences sur l’embryon, nous n’avons pas insisté sur les effets secondaires que la contraception entraîne pour la femme. Il serait cependant important de rappeler que tous les moyens de contraception ne sont pas exempts de conséquences pour la santé et le bien-être de celle-ci. De ce point de vue, les méthodes contraceptives pourraient être divisées en deux catégories :

  1. celles qui n’entraînent pas de changements, voir des perturbations dans le corps de la femme
  2. les méthodes dont l’usage peut provoquer des disfonctionnalités (des effets non désirés) de la santé de la femme, notamment toutes les méthodes hormonales et les dispositifs intra-utérins

Il est intéressant de remarquer que tous (sans exception) les moyens qui, par leur mécanisme d’action détruisent l’embryon sont aussi des moyens qui ont des effets délétères* pour la mère. Pour mettre en évidence cette observation, nous avons réalisé un parallèle de l’impact de toutes les méthodes contraceptives décrites ci-dessus sur l’embryon et sur la mère :

Moyen contraceptif  Action sur l’embryon Effets sur la mère
Le préservatif masculinAucun, puisqu’il empêche l’ovulationAucun
Le diaphragmeAucunAucun
La cape cervicaleAucunAucun
Les spermicidesAucunAucun
L’éponge contraceptiveAucunAucun
L’abstinence périodiqueAucunAucun
Le stérilet inerteLes modifications de l’endomètre (surtout son inflammation) empêchent la nidation de l’embryon Métrorragies (saignements utérins), douleurs pelviennes, risque d’infections ou de grossesse extra-utérine, traumatisme local
Le stérilet au cuivreLes modifications de l’endomètre (traumatisme, envahissement cellulaire intense, modifications vasculaires, saignements utérins, troubles de maturation) empêchent la nidation et ont aussi des effets délétères directs sur l’embryon (perturbation de sa tolérance immunologique, dégénérescence) Métrorragies qui peuvent entraîner des anémies, douleurs pelviennes, risque d’infections ou de grossesse extra-utérine, traumatisme local
Le stérilet à la progestérone ou aux progestatifsEffet anti-nidatoire 100% (aucun effet anti-ovulatoire)Métrorragies, risque d’infections
La contraception post-coïtale précoce (CPC) aux estrogènesDéveloppement anormal de l’endomètre – empêche la nidationMauvaise tolérance (nausées, vomissements, mastodynie*, méno-métrorragies)
La CPC aux progestatifs (« la pilule de jours de visite »)Altération de l’endomètre – action anti-nidatoireMétrorragies, cycles raccourcis
La CPC aux estroprogestatifs « pilule du lendemain » –  le Stédiril®Empêchement de la nidation, empêchement de la mobilité de l’œuf fécondéNausée, vomissements
Le dispositif intra-utérin (DIU) post-coïtal Effet anti-nidatoire, effet blastocide du cuivrePose post-ovulatoire douloureuse, risque infectieux
Le RU 486Interruption de grossesseEn cas d’échec (donc poursuite de la grossesse) embryotoxicité éventuelle ??Saignements utérins (quelques fois importants) post –RU, rarement nausées, vomissements ou asthénie
La pilule estroprogestative combinéeAction anti-nidatoire jusqu’à 50%Empêchement de la mobilité de l’œuf fécondéEffets primaires : complications vasculaires (accidents trombo-emboliques veineux, accidents artériels coronariens, cérébraux)
La pilule estroprogestative séquentielleAction anti-ovulatoire considérée prédominanteEn cas de longue durée d’utilisation : risque de dystrophie, surtout au niveau de l’endomètre (hyperplasie*, voire cancérisation, et mastodynie, voire une mastopathie*)
La pilule progestative continue à faibles dosesAction anti-nidatoire jusqu’à 50% Risque de non mobilité de l’œuf fécondéModifications du métabolisme lipidique et hidro-carbonéIrrégularités menstruelles, aménorrhée totale ou « spottings »
La pilule progestative discontinue à fortes dosesAction anti-ovulatoire prédominanteRisque d’augmentation du cholestérol

De toutes ces conséquences, les femmes n’en connaissent presque rien quand elles consultent pour une contraception. Malheureusement, après la consultation elles n’en sont pas plus informées. Les médecins ne sont pas à accuser pour leur manque de temps. Cependant, s’ajoutent souvent à cela plusieurs situations : la pression de la routine (dire 50 fois par jour, tous les jours, la même chose), conviction que les gens ne comprennent pas les explications, culminant par la politique : « essayons, on verra ce que cela donne ! ».

On sait bien que depuis l’invention de la pilule le dosage hormonal de celle-ci a baissé, ce qui a diminué également ses réactions secondaires. Le stérilet est, lui aussi, à la troisième génération. Tous les articles et traités de spécialité sur la contraception ont d’ailleurs à la base des expérimentations, observations, statistiques faites sur des femmes, plus ou moins conscientes du fait qu’elles participent à l’évolution des choses et que leur expérience personnelle est une partie infime de l’« histoire de la contraception ». Dans ce domaine, tout est expérimentation, on n’est jamais surs du résultat. Le taux de réussite ne peut être jamais garanti à 100%. Cependant, conclut-on, une information correcte et détaillée, ne serait-elle pas la prémisse d’un choix plus responsable, plus mûr, plus susceptible d’être le bon, tout en étant en pleine conscience de cause ?  

Dans une perspective logique (et théo-logique chrétienne), il est essentiel de comprendre les enjeux de la contraception. La seule méthode qui n’est surement pas abortive est le préservatif car il empêche physiquement le contact entre spermatozoïde et ovule. Le commencement de la vie humaine est le moment de la conception : si tu laisses l’embryon se développer, il sera nécessairement un être humain, une personne. La contraception, accessible gratuitement en France à partir de l’adolescence, mène vers le risque de tuer ses propres embryons. La sexualité est terrible : l’amour appelle la vie au monde, mais il peut engendrer la mort. D’où le besoin d’une responsabilité par rapport à son propre corps … et par rapport les fruits de celui-ci. 


[1]  Nous excluons de cette catégorie le stérilet à adjonction hormonale, car, du à l’effet mécanique exercé par le stérilet lui-même, celui-ci doit être classé parmi les méthodes abortives.

[2] E. E. Baulieu, Génération pilule, p. 199.

[3] Idem.

[4] Pierre Mauvais – Jarvis ; Gilbert Schaison ; Philippe Touraine,  Médecine de la reproduction, Paris : Flammarion, coll. Médecine-Sciences, 1997, p. 524-525

[5] Voici une définition de l’”efficacité” des pilules progestatives dans un livre de spécialiste: « Les propriétés contraceptives des progestatifs sont en fait pluri focales et concernent non seulement le pouvoir antigonadotrope, mais surtout les modifications périphériques de l’appareil génital, qui peuvent être obtenues, même à faibles doses. Il s’agit essentiellement : de modification de la glaire cervicale, dont la composition varie et qui devient inhospitalière aux spermatozoïdes ; de ralentissement de la mobilité tubaire ; de modification de la muqueuse endométriale, qui devient impropre à la nidation. (…) les actions périphériques des progestatifs permettent d’assurer une contraception efficace, assortie d’inconvénients minimes » (Ibid., p. 501)

Andreea & p Razvan Ionescu

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