Introduction
Parler des maladies spirituelles, c’est se donner la chance de les identifier et de les soigner. Le but, c’est de trouver la vraie santé de l’être humain qui est la sainteté.
Quelques repères
Évagre (346-399) fut formé auprès des Cappadociens, par saint Basile de Césarée (qui l’ordonne lecteur) et saint Grégoire de Nazianze (qu’il considère comme son maître) dit le Théologien. Il s’est par ailleurs lié d’amitié avec saint Grégoire de Nysse. Son surnom, le « pontique », est lié à son origine de la province du Pont en Asie mineure (au-dessus de la Turquie actuelle). Après avoir occupé des charges à Constantinople, il part dans un monastère au Mont des Oliviers. Suite à une maladie, il part ensuite vivre dans le désert en Égypte.
La psychologie d’Évagre aura une grande influence sur toute la spiritualité chrétienne. Le combat spirituel est un combat intérieur, s’exerçant par une vigilance constante à l’égard de nos pensées. Selon lui, il ne nous appartient pas tant d’avoir de mauvaises pensées, que de les laisser obscurcir notre esprit et d’y consentir. Évagre distingue huit pensées fondamentales, qui sont autant de maladies de l’âme, de déviations de son désir du Bien qui n’est autre que Dieu, et sont donc autant d’obstacles à la vie spirituelle authentique.
« Huit sont en tout les pensées : la première est celle de la gourmandise, puis vient celle de la fornication, la troisième est celle de l’avarice, la quatrième celle de la tristesse, la cinquième celle de la colère, la sixième celle de l’acédie, la septième celle de la vaine gloire, la huitième celle de l’orgueil. Que toutes ces pensées troublent l’âme ou ne la troublent pas, cela ne dépend pas de nous ; mais qu’elles s’attardent ou ne s’attardent pas, qu’elles déclenchent les passions ou ne les déclenchent pas, voilà qui dépend de nous. »
Cette division en huit pensées sera reprise par Jean Cassien (dit le Romain) et deviendront, transformées, les 7 péchés capitaux. L’homme libéré de la domination de ces passions atteint un état de quiétude qu’Évagre qualifie d’apatheia. Les passions, nécessaires au corps, n’ont pas à être supprimées, mais ne doivent pas nous dominer, ni devenir excessives. La fleur de l’apatheia, c’est l’amour.
Voici quelques extraits de ses Chapitres sur la prière :
« La
prière est un rejeton de la douceur et de l’absence de colère. La
prière est le fruit de la joie et de l’action de grâces. La prière est
l’exclusion de la tristesse et du découragement. Si tu aspires à prier,
renonce à tout pour obtenir le tout. Celui qui prie en esprit et en
vérité ne glorifie plus le Créateur à partir des créatures, mais c’est
de Dieu même qu’il loue Dieu. Si tu aspires à prier, ne fais rien de
tout ce qui est incompatible avec la prière, afin que Dieu s’approche et
fasse route avec toi. Ne te figure pas la divinité en toi quand tu
pries, ni ne laisse ton intelligence subir l’impression d’aucune forme ;
mais va immatériel à l’immatériel, et tu comprendras. Heureux le moine
qui tient tous les hommes pour Dieu, après Dieu. Heureux le moine qui
regarde le salut et le progrès de tous comme le sien propre, en toute
joie. Moine est celui qui est séparé de tous et uni à tous.
Est moine celui qui s’estime un avec tous, par l’habitude de se voir lui-même en chacun.
Quand tu seras parvenu dans ta prière au-dessus de toute autre joie,
c’est alors qu’en toute vérité, tu auras trouvé la prière. »
(Source : « Hésychasme » sur Wikipedia)
Notre intervenant
Depuis des années, père Philippe Dautais donne des cours de spiritualité orthodoxe. Il a été en 2010 notre invité sur le sujet du combat contre les maladies spirituelles.