Extrait du film:
Qui êtes-vous, Monsieur Eugen Leahu ?
Vous venez de m’adresser une question à laquelle j’essaie de répondre depuis environ quarante ans et vous pensez qu’on va trouver la réponse comme ça, en deux minutes… En 1989 je me demandais si j’étais un révolutionnaire, en 1991 je me demandais ce que peut valoir mon diplôme d’ingénieur, cinq ans plus tard je me demandais ce que vaut mon diplôme de directeur de film (en tant que diplômé de l’IATC (Institut d’art théâtral et cinématographique de Bucarest))… Et j’en étais tellement intrigué que je suis passé des drames documentaires que j’avais l’habitude de réaliser entre deux journaux diffusés sur la chaîne télé ProTV à ceux que j’ai réalisés plus tard au sein de Jakaranda Productions à Paris. Et d’après ce que je peux voir, cette question me poursuit encore…
Comment avez-vous eu l’idée de réaliser un tel film ?
C’est en faisant suite à la demande de mes chers parents et amis, qui savent que je filme depuis quinze ans différents évènements de la vie communautaire orthodoxe roumaine en France. L’idée paraissait au début totalement utopique, compte tenu de la date de sortie prévue, entre les multiples démarches professionnelles et personnelles. Mais vu que les pères spirituels m’ont prouvé plusieurs fois que 1+1 vaut plus que 2, je me suis dit que ça valait la peine d’essayer, puisque cela paraissait impossible ! Ainsi les choses se sont réalisées par elles-mêmes, et non pas par moi…Cela dit, ça a dû être difficile pour ceux qui ont prié pour moi. Personnellement j’ai eu tout simplement la chance de survivre à cette démarche.
Qu’avez-vous voulu surprendre plus particulièrement ?
Je pense que l’histoire d’une communauté est liée à la vie intime des individus qui la forment, dans leur relation avec la Divinité, autant qu’ils peuvent la percevoir. Car chaque être humain aspire, consciemment ou inconsciemment, vers un rayon de la lumière éternellement donatrice de vie. C’est pourquoi je considère qu’un film sur l’histoire d’une communauté est un film extrêmement vivant. Si seulement les murs ou les chaises du monastère de Limours ou de l’église des Saints Archanges Michel, Gabriel et Raphaël (l’église Jean de Beauvais) pouvaient parler, on pourrait écrire des tomes qui rempliraient les rayons d’une nouvelle Bibliothèque Nationale de France.
Nous avons essayé de présenter une brève histoire de cette communauté multiséculaire en seulement six minutes.
L’église n’est pas uniquement une institution, elle n’est pas uniquement un bâtiment, mais elle est aussi une partie de chacun de nous. Et comment fait-on pour se connaître tous ? Je pense que ce n’est qu’à travers l’amour qu’on peut saisir un peu de ce qui est dans l’âme de chacun, car c’est en chacun de nous que demeure le Christ.
Auriez-vous quelques pensées personnelles pour ceux qui liront notre interview ?
Un peintre qui avait longtemps observé la nature me disait : « Est-ce que tu t’es jamais posé la question pourquoi les oiseaux chantent dès que le Soleil apparait ? » C’est parce que les oiseaux sentent à leur façon la lumière et découvrent la beauté de la Création. Leur chant vient du désir de contribuer à leur façon à cette beauté. Chacun de nous a donc toutes les raisons de continuer à chanter.
Extrait du film « La Métropole Orthodoxe Roumaine de l’Europe Occidentale et Méridionale – Histoire et actualité » dans le cadre de l’émission « L’orthodoxie, ici et maintenant » diffusée Mardi 26 février à 21h44 sur KTO