C’était une belle fête patronale, très belle, la plus belle de Saint Sulpice ! Tout inspirait de la beauté, des habits sacerdotaux, aux bouquets de fleurs qui embellissaient les icônes. Et jusqu’aux mains du chef d’orchestre. J’ai suivi avec attention ces mains-là et, en même temps, la liturgie. Je n’ai pas su leur obéir comme il sied, mais elles montraient tout ce qui se passait : quand il y avait de la douleur ou de la joie, quand il fallait murmurer ou chanter à haute voix.
Je suis nièce d’un chef d’orchestre et de chœur à l’église. Pendant toute mon enfance et mon adolescence j’ai regardé mon grand-père lorsqu’il dirigeait. Après avoir commencé à aller à l’église, je l’accompagnais à la liturgie et je restais là-haut, aux combles, où était le chœur, et je le suivais pendant qu’il dirigeait. Depuis qu’il s’est arrêté de vivre, je n’ai plus vu de mains qui aient le même talent pour diriger. Sauf le dimanche de la fête patronale, où, les mains qui ont dirigé ont eu vraiment quelque chose à dire et elles l’ont dit de manière très belle, comme si elles dansaient.